vendredi 23 novembre 2007

Week 9 : Révélations

Lundi et mardi, nous avons reçu la visite d'Anne Pearce et de Franz Lemaître (j'ai eu beau chercher, je n'ai trouvé aucun lien intéressant sur lui !).

Anne est une interprète basée à Londres. Elle travaille essentiellement sur le marché privé, et de temps à autre pour Bruxelles. Bruxelles a établi un système de "points" attribués à chaque interprète en fonction de plusieurs critères qui déterminent sa compétitivité. Par exemple, avoir une paire de langues recherchée donne un certain nombre de points ; vivre loin de Bruxelles en fait perdre.

Anne vit à Londres, ce qui lui fait perdre beaucoup de points. Circonstance atténuante, elle travaille de l'allemand vers l'anglais, une combinaison sous-représentée à Bruxelles ; c'est pourquoi on fait appel à elle de temps en temps.

Quant à Franz Lemaître, il est fonctionnaire au SCIC.

J'ai beaucoup apprécié la visite de ces deux interprètes, qui nous ont appris beaucoup de choses très intéressantes.

Commençons par Franz qui, en qualité d'interprète permanent à la Commission Européenne, nous a parlé de l'interprétation pour les institutions européennes. J'ai noté tout particulièrement que :
-les combinaisons à 3 langues ne sont pas acceptées sauf si elles comportent des paires recherchées à Bruxelles. Ainsi, ma combinaison français-anglais-espagnol ne les intéresse absolument pas, et je n'ai aucune chance d'être admis ne serait-ce qu'aux examens organisés par les institutions européennes :
-le top est d'avoir une combinaison comportant des langues latines et germaniques. Ainsi, si je rajoutais l'allemand à ma combinaison, je deviendrais aussitôt beaucoup plus intéressant et je n'aurais aucun mal à me faire un nid à Bruxelles (à supposer que je sois compétent, bien sûr).

Revenons à Anne. Avec Franz, elle a dirigé deux de nos cours de consécutive entre le français et l'anglais. J'ai énormément apprécié l'approche avec laquelle elle aborde l'enseignement de la prise de notes. Anne insiste beaucoup sur le rôle de la mémoire et de la compréhension dans le travail de restitution en consécutive. Bien sûr, les autres profs ont toujours souligné l'importance de la mémoire, mais au fil des semaines nous avons insensiblement recentré toute notre attention sur nos seules notes, si bien que le travail censé être effectué par notre mémoire est passé à la trappe.
Nous avons été très déstabilisés par la méthode d'Anne, qui a révélé nos défaillances de mémoire et notre surdépendance par rapport aux notes. Et cela est très facile à mettre en évidence : prenez un discours assez subtil, qui contienne peu de faits et beaucoup de raisonnements, dans lequel l'orateur marque fortement sa présence et ses opinions ; les notes seules deviennent alors insuffisantes pour capturer les nuances dans l'expression de l'orateur, et carrément contreproductives lorsqu'il s'agit de restituer un raisonnement mal compris parce qu'on était trop occupé à le retranscrire bêtement sur son carnet.
Grâce à Anne, j'ai redécouvert l'importance de ma mémoire, et mon écoute a radicalement changé depuis. Les résultats s'en sont fait tout de suite sentir.

En perfectionnement anglais, cours que j'avais déserté ces derniers temps pour diverses raisons (toutes valables !), nous avons fait des jeux de rôles inspirés du scandale des pertes de données par la Child Support Agency. Chacun devait préparer puis donner un discours sur ce thème.

En simultanée, rien de nouveau. L'objectif reste toujours de faire des phrases complètes même si on omet des informations, et de trouver le temps de décalage par rapport à l'orateur qui nous rend le plus à l'aise. Le principal est de n'ouvrir la bouche que lorsqu'on sait déjà ce qu'on va dire et comment on va terminer la phrase.

Pour finir, vendredi nous avons reçu la visite d'un ancien de Westminster, Frédéric Girard, qui a animé notre Gen Con et la simultanée de l'après-midi. Cela fait 11 ans qu'il travaille à Bruxelles. Il fera partie du jury pour les examens.

En conclusion, je poste mon emploi du temps pour la semaine prochaine, pour donner une idée à ceux que ça intéresse de la charge de travail qui nous est maintenant imposée, avec l'apprentissage en parallèle de la consécutive et de la simultanée (j'ai mis en rouge les cours que je dois suivre, à titre d'exemple).

samedi 17 novembre 2007

Week 8 : les anciens en force

La semaine a commencé par un atelier de prises de notes. Malgré l'intitulé très accrocheur, il s'agissait en fait d'un cours traditionnel de consec, à la différence près que les profs ont consacré la dernière demi-heure à passer d'élève en élève pour jeter un rapide coup d'oeil à nos notes. Ceci dit les notes sont un système tellement personnel qu'il est difficile de faire davantage.

Le cours sur l'UE a continué avec la même prof, mais le taux de présence a fortement chuté...

Mercredi a été une grosse journée pour moi, puisque j'ai eu 6h de simultanée. Malgré les réticences de Christine, Benedict et moi avons participé au cours de simultanée vers l'anglais (il faut dire que pour le moment, mon anglais est un peu juste pour que je travaille vers cette langue en simultanée). Pour le moment on a tendance à coller à l'original donc ça reste faisable, on verra ce que ça donne quand les exigences se durcissent...
Pour tous les cours de simultanée en tout cas, les discours sont très simples et surtout énoncés très lentement. Tous les élèves disent avoir du mal à se "dédoubler" pour suivre à la fois l'original et leur propre interprétation. D'après Michèle Vaughan, c'est un coup à prendre qui vient très vite, en quelques semaines de pratique... mais cette première étape n'est que le début d'un long chemin.

Une chose à noter : avec l'ajout des cours de consécutive, l'emploi du temps est devenu très chargé (j'ai compté 24h de cours pour cette semaine), si bien qu'il est devenu difficile d'organiser des séances d'entraînement entre élèves à côté des cours. Cette semaine je n'ai réussi à caser que 6h de pratique avec les autres...
D'autre part, vu que la logistique se complique énormément, les cours rassemblent maintenant plusieurs combinaisons différentes, ce qui néanmoins n'en change pas trop le déroulement.
Par exemple cette semaine, il y a eu un cours de consec du français vers l'anglais ET l'espagnol, qui concerne un total d'une dizaine d'élèves. Le discours en anglais a été donné par Christine à l'ensemble du groupe, puis les Espagnols sont partis avec leur prof dans une autre salle pour faire leur interprétation, tandis que les Anglais sont restés avec Christine pour faire la leur, de façon à rentabiliser le temps qui nous échappe...

A part ça R.A.S. si ce n'est la participation de Reuben Imray et Darren Neville à beaucoup de nos cours.
Reuben était déjà venu à plusieurs reprises, mais nous venons de rencontrer Darren. Comme Reuben, c'est un jeune diplômé de Westminster. Il est de la promotion 2006 et travaille maintenant pour le Parlement européen. Nous en avons profité pour lui poser quelques questions, et en vrac voici ce qu'il nous a dit :

-En 2006, il y avait 17 élèves au début du cours. 4 ont été recalés à l'examen de décembre (qui à l'époque ne faisait pas l'objet d'une session de rattrapage comme aujourd'hui), 1 est partie pour des raisons personnelles.
Ils n'étaient donc plus que 12 au deuxième semestre, parmi lesquels 7 ont décroché le diplôme final.
-Quant à Darren, il a dû attendre 6 mois avant de pouvoir passer l'examen de l'UE, qu'il a eu. Il a ensuite eu "de la chance" car il a aussitôt commencé à travailler. Par la suite, il a remporté un concours qui a contribué à augmenter ses opportunités de travail. Bref, cette année, il a "beaucoup" travaillé, car il a "vraiment eu de la chance" (je cite).

Une question qui reste sans réponse toutefois : que sont devenus les 6 autres diplômés ?

samedi 10 novembre 2007

Week 7 : feux d'artifice

Cette semaine, les feux d'artifices n'ont pas arrêté de pétarader dans le ciel de Londres, et notre programme de cours a en quelque sorte épousé leur évolution, des premières étincelles au bouquet final...

La semaine a commencé très, très lentement, avec un cours sur l'UE lundi à 9h, dirigé par une nouvelle prof qui devrait remplacer l'autre pour le reste du programme. Elle vient de la faculté de droit et manque cruellement de l'entrain qui caractérise les profs d'interprétation. Nous avons parlé du problème a Christine, et en principe les prochains cours devraient être plus "interactifs" de façon à nous intéresser davantage.

Bonne douche froide pour nous réveiller, la gen con qui a suivi portait sur les ressources en eau.

L'après-midi, nous avons eu notre tout premier cours d'introduction à l'interprétation simultanée, qui a simplement consisté à nous faire entrer dans les cabines et nous expliquer le fonctionnement du matériel, après quelques définitions de base relatives à la simultanée (relais, décalage, retour, etc.).
D'après Zoë et Christine, nous disposons de matériel dernier cri, pratiquement identique à celui utilisé dans les conférences des institutions.

Voici donc le modèle de micros que nous utilisons dans la salle (les micros des délégués) :


Pour le mettre en marche, il suffit d'appuyer sur le bouton vert à la base du micro. Un anneau rouge s'allume alors au bout du micro pour montrer qu'il est activé. Pour écouter les interprètes, deux casques peuvent être branchés de chaque côté de la base, et on sélectionne les chaînes (c'est-à-dire les cabines) que l'on souhaite écouter au moyen de boutons situés sur le rebord supérieur du socle, qui ne figurent pas sur ce modèle.

Voici maintenant les consoles dont nous disposons dans les cabines (il y en a deux par cabine, ainsi qu'un écran d'ordinateur, mais on ne nous a pas encore dit à quoi il sert) :


Les profs ne nous ont pas montré toutes les fonctionnalités, juste ce dont on avait besoin.
La console est munie d'un haut-parleur avec un bouton de réglage de son volume. Bien évidemment, nous n'utilisons pas ce haut-parleur, mais un casque qui se branche sur le côté de la console.
Les trois boutons clairs sous le haut-parleur servent à régler le volume du casque, ainsi que les graves et les aigus.
Le bouton longiligne est celui que l'on enclenche pour entendre la salle (c'est-à-dire tout micro activé dans la salle où se déroule la conférence). Juste au-dessus se trouvent trois autres boutons qui permettent d'écouter directement d'autres cabines (au cas où on prend une cabine en relais au lieu d'interpréter directement l'orateur dans la salle).
Le levier rose sert à allumer et éteindre le micro. Juste à côté se trouve un autre bouton qui sert à le désactiver pour de courtes périodes en le maintenant enfoncé (par exemple pour tousser ou parler à un collègue).
Enfin l'écran digital sur la console affiche les différentes cabines et les langues associées à chacune d'entre elles.

Voilà donc pour notre première séance de simultanée, nous n'avons rien fait d'autre.

Mardi, nous avons eu notre séance habituelle d'entraînement vocal, durant lequel on est enfin passé aux "choses sérieuses". La prof nous a demandé à chacun de faire un discours, et à mesure qu'elle écoutait, elle relevait tous les détails pouvant être améliorés. Intonation, problèmes de prononciation, rythme, mauvaise respiration, rien ne lui échappe.

Mercredi, j'étais chez le dentiste, désolé.

Jeudi, on a continué la consécutive, rien de nouveau sous le soleil de ce côté. Nous avons également eu notre troisième cours de simultanée au cours duquel des discours ont été donnés en plusieurs langues, et nous avons tous eu l'occasion d'en interpréter au moins deux. On a tous trouvé ça super difficile, à la limite du possible. La règle d'or à respecter est la même que dans la vie : ne commencer à parler que lorsqu'on a véritablement compris quelque chose (une idée), et quand on n'a rien d'intelligent à dire, on la boucle. D'après Christine, beaucoup d'interprètes qui n'ont pas suivi de formation solide ressentent le besoin de "toujours parler quoi qu'il arrive", un réflexe contreproductif à éviter à tout prix.

Pour le moment, il est normal que nous n'arrivions pas à tout traduire, alors nous devons nous contenter de bien interpréter les idées principales, et au fur et à mesure de la formation, on devrait parvenir à étoffer nos interprétations jusqu'à y inclure les moindres détails de l'original. Mais ce n'est pas pour demain...

C'est vendredi qu'a explosé le bouquet final.
Le matin, les français A (c'est-à-dire Benedict et moi) ont été convoqués par Christine et Zoë pour un entretien de feedback. Après nous avoir demandé notre avis sur le déroulement des cours, elles ont commenté nos progrès et nos points faibles. Puis elles nous ont annoncé qu'elles étaient parvenues à obtenir des places pour pratiquement tous les élèves du cours pour aller visiter les institutions européennes à Bruxelles, visite qui devrait se faire le 3 mars 2008. Elles ont également parlé des possibilités d'échange avec des écoles partenaires du programme EMCI. Christine veut m'envoyer à Tenerife pour 2 semaines en avril (billet d'avion payé par l'UE, qui m'accorderait en outre 55 euros par jour), j'ai évidemment dit oui !

L'après-midi, nous avons reçu la visite de Son Excellence l'Ambassadeur Dr Muhammad Shaaban, Secrétaire Général adjoint à l'Assemblée Générale et à la gestion des conférences des Nations Unies. Au cours d'une première séance destinée aux étudiants en traduction et en interprétation de l'université, il nous a parlé des opportunités de carrière pour nous au sein des Nations Unies. D'après lui, près de 700 interprètes actuellement en activité devraient prendre leur retraite au cours des cinq prochaines années, si bien qu'un manque d'interprètes pour certaines combinaisons-clés est à prévoir. Pour prévenir ce manque, l'ONU a créé le programme Outreach to Universities, afin de renforcer ses liens avec les établissements de formation des interprètes et traducteurs de façon à ce qu'elles soient davantage adaptées aux besoins spécifiques à l'organisation. La paire de langues la plus recherchée pour l'instant est le russe vers l'anglais. Avis aux amateurs... Autre info qui n'a rien à voir, mais que j'ai trouvée intéressante : la période pleine (pour les interprètes) s'étend de septembre à décembre.

Cette première séance a été suivie d'un cours très général sur les missions des Nations Unies à travers le monde. Il est ressorti de la présentation du Dr Shaaban que l'ONU n'est pas tenue dans l'estime qu'elle mérite, et que le monde se montre très ingrat au vu des efforts qu'elle déploie inlassablement pour y rendre la vie meilleure.

Nous avons ainsi fini la semaine à 20:45, après quoi beaucoup d'entre nous ont filé au pub The Cock Tavern, où les élèves de CIT se retrouvent comme d'habitude chaque vendredi soir.

vendredi 2 novembre 2007

Week 6 : "Consolidation Week"

Cette semaine, comme prévu, nous n'avons pas eu cours. Livrés à nous-mêmes, nous nous sommes débrouillés comme des grands pour organiser des sessions d'entraînement entre 11h et 6h. L'organisation était un peu cahotique, mais dans l'ensemble chacun a pu travailler sur les combinaisons souhaitées.

Nous avons pris un peu de libertés par rapport aux consignes habituelles, puisque souvent nos discours ont allègrement franchi le cap des 8 minutes, l'idée étant que les gen con de 4min nous paraîtraient à l'avenir un jeu d'enfant.

J'ai raté le cours de voice coaching, mais je sais que la prof a donné une séance d'accent reduction au groupe d'étudiants chinois (qui ont tous un anglais actif).

L'emploi du temps pour la semaine prochaine est très appétissant. Au menu : premiers cours de simultanée !