Tant de choses se sont passées en trois ans : après avoir connu des hauts et des bas, beaucoup d'entre nous avons obtenu notre accréditation auprès de l'ONU ou de l'UE, où nous avons depuis le plaisir de travailler régulièrement, tandis que d'autres travaillent surtout sur le marché privé ; nous sommes plusieurs à être devenus membres de l'AIIC.
Et tout cela, nous le devons à l'excellente formation prodiguée à Westminster, par des enseignants formidables, nos professeurs à l'époque, aujourd'hui devenus nos collègues, et à qui je souhaite rendre hommage à l'heure où sonne le glas du programme de Conference Interpreting Techniques, qui n'a pas survécu aux nouvelles politiques budgétaires de l'enseignement supérieur britannique.
C'est avec désolation que je viens comme d'autres d'accueillir cette impensable nouvelle, et de voir balayés, en un revers de main, tous ces efforts, ces innovations, ce suivi qui ont fait exister ce vestibule d'une profession que nous nous sentons tous privilégiés d'exercer.
Alors que le seul programme londonien d'enseignement exclusif de l'interprétation de conférence disparaît, il n'est qu'à espérer que les aspirants à ce métier unique verront leurs attentes (et celles de leurs futurs recruteurs...) comblées par ceux qui auront su mieux résister à la crise.
En attendant, la fameuse "relève" se fait désirer et espérer, nous dit-on. S'il n'y a pas d'offre sans demande, et si le marché a horreur du vide, c'est peut-être qu'il verra Westminster tirer sa révérence d'un oeil indifférent et se débrouillera sans elle, d'une manière ou d'une autre.
Mais Westminster n'est pas qu'une salle de cours équipée de cabines : c'est bien plus un réseau de plusieurs générations de centaines d'interprètes qui se réclameront à jamais de cette école, actifs aux quatre coins du monde, et qui la feront survivre aussi longtemps qu'eux-mêmes, dans une identité partagée. Les plus jeunes d'entre nous ont à peine 25 ans, alors je crois que Westminster a encore de beaux jours devant elle.
Ce blog devenant par la force des choses une ressource purement historique, je peux définitivement dire que le point final se trouve au bout de cette phrase ; je souhaite bonne chance et bon courage à tous les futurs interprètes, et surtout beaucoup de plaisir bien mérité le long du chemin.