jeudi 15 mai 2008

Les échanges EMCI

Désolé de ce long silence, je viens juste de récupérer ma connexion à Internet...

Tous les étudiants possédant une combinaison "européenne" (cela exlue donc les étudiants chinois et l'étudiante russe de cette année) ont pu obtenir une place dans les diverses universités européennes partenaires de l'EMCI. Nous avons donc eu l'opportunité d'y passer deux semaines, au cours des vacances de Pâques (qui sont décalées en Angleterre par rapport aux autres pays).

Deux Italiennes et moi-même avons passé quinze jours à La Laguna, sur l'île de Tenerife aux Canaries. Dans un cadre enchanteur, les étudiants locaux nous ont accueillis les bras ouverts, en nous intégrant dans leurs cours et en nous faisant visiter les environs.

Une petite description du programme d'interprétation de l'université de La Laguna. Tout d'abord, ce cours n'est destiné qu'aux Espagnols A, et théoriquement les deux seules combinaisons possibles sont ACC et ACCC, bien qu'un cours de retour vienne juste d'être mis en place à la demande d'étudiants bilingues.
La structure générale du cours est similaire à celle de Westminster, avec une première étape consistant en exercices de mémoires qui dure environ un mois, puis un passage à la consécutive. Ils abordent la simultanée plus tôt que nous cependant, mais l'ensemble du programme s'étale, comme à Westminster, sur un an.

Malgré le cadre idyllique et la sympathie des professeurs, pratiquement aucun des "Laguniens" ne semble satisfait du cours, pour toutes sortes de raisons. Installations vétustes, grandes disparités entre profs au niveau de leur compétence, pas assez de multilinguisme (puisqu'ils ont tous l'espagnol en A), et une technique d'enseignement de la consécutive assez illogique, voilà entres autres ce que j'ai pu entendre. Bref je les ai trouvés assez ronchons. A les en croire, ils suivent le cours le plus nul de toute l'Europe. Pourtant leur niveau est tout à fait comparable au nôtre, alors en dépit de leurs critiques, les résultats sont bien là.

A La Laguna, nous avons rencontré une étudiante de l'ETI qui elle aussi était en échange EMCI. J'ai ainsi eu l'occasion d'en savoir un peu plus sur ce programme en un an et demi, à Genève, qui est beaucoup plus tourné vers l'ONU (comme en témoignent les langues de travail des élèves) que vers l'UE. D'après ce que j'ai compris, le point faible du cours est son organisation très clairsemée, avec une alternance continuelle entre semaine de cours et semaine de pratique, qui ne permet pas un encadrement aussi suivi qu'à Westminster. Le point fort : l'infrastructure, avec une bibliothèque équipée de cabines insonorisées, et une banque de discours qui en contient plus de 2500, en libre accès pour les étudiants ! Pourtant, les étudiants de l'ETI n'utilisent que rarement ces installations. Ils ne se rendent pas compte de la chance qu'ils ont.

Pour conclure, cet échange s'est révélé rassurant, car il nous a prouvé que nous avions un niveau tout à fait comparable à celui des étudiants d'autres écoles, et que nous n'avions aucun complexe à nous faire.

dimanche 23 mars 2008

Weeks 8 and 9 : les examens arrivent à grands pas

La semaine 8, après Bruxelles, a été sans surprises. Le thème de la semaine était Feeding the World, donc comme d'habitude, la plupart des discours donnés en consec et en sim portaient sur ce sujet. Pour la Gen Con du vendredi, un débat interprété en simultanée a été organisé sur la question.

Semaine 9 : le thème était, je crois, la protection de l'environnement. Nous avons eu un atelier de sim intitulté Interpreting with Texts. Le but était de nous apprendre à interpréter un discours dont la version écrite a été distribuée à l'avance aux interprètes. Conclusion unanime : si on ne s'en sert pas correctement, les textes ne font que nous compliquer la vie ! On est déjà suffisamment occupés à écouter l'orateur, parler et s'écouter soi-même, donc si on rajoute un texte à lire en même temps, la situation devient vite ingérable.
La solution la plus sage est donc de lire le texte avant l'interprétation, relever les passages problématiques, surligner les nombres, listes et noms propres, et lever les yeux dès qu'on enclenche le micro.

Enfin, nous avons également eu une réunion de feedback avec Zoë et Christine. Elle a été très intéressante, car on a parlé de l'après-Westminster. Christine nous a appris que si l'on obtient notre diplôme, nous ne serons certainement pas lâchés dans la nature, livrés à notre propre sort. Bien au contraire, les profs nous aiguilleront pour nous insérer dans la profession, notamment en contactant les collègues travaillant sur les marchés qui nous concernent. Christine a été très positive, en affirmant avec confiance qu'il ne fallait pas s'inquiéter, car du travail, il y en a.

Une autre information très importante, et qui vaut vraiment la peine d'être citée et diffusée : la formation à Westminster ne s'arrête pas après l'examen du mois de mai. Pour les diplômés, les locaux et les installations restes disponibles jusqu'en octobre de la même année, et ils peuvent venir s'y entraîner aussi souvent qu'ils le souhaitent, tout en gardant contact avec les profs. Ainsi, il n'y a pas lieu de s'indigner de la courte durée du programme (les cours ne s'étalant que d'octobre à mai), puisqu'il faut y rajouter 5 mois d'entraînement aussi intensif qu'on le souhaite. La formation est donc bel et bien de 12 mois.

Enfin, une annonce : la semaine prochaine, mercredi 26 à 17h30, se tiendra une soirée portes ouvertes à Westminster. Les candidats éventuels aux examens d'entrée pourront poser leurs questions aux profs ainsi qu'à nous, élèves, qui prendrons part à une classe de sim/consec ouverte au public, de façon que les personnes intéressées puissent se faire une idée plus juste de ce qu'est réellement l'interprétation de conférence. Avis aux amateurs.

samedi 22 mars 2008

Week 7 : Bruxelles

Tout d'abord, désolé de n'avoir rien posté pendant si longtemps ; j'étais débordé.
Avant de tout oublier définitivement, je vais donc essayer de me rappeler ce qu'on a fait à Bruxelles, il y a trois semaines !

Nous y avons passé trois jours.

Le premier jour, nous avons assisté aux présentations de plusieurs interprètes travaillant à la Commission. On nous a fait une rapide présentation de la Commission et de son fonctionnement, des nouvelles technologies dans le domaine de l'interprétation de conférence, et de la Cour européenne de justice.

Ensuite (et là je ne sais plus quel jour c'était), nous avons visité le Parlement, qui se trouve dans un bâtiment bien plus impressionnant que la Commission. Nous étions chaperonnés par Alison Graves, du DG Interprétation, qui a été d'une gentillesse remarquable. Tout en nous montrant l'hémicycle, les cabines d'interprètes, les banques et salons de coiffure (il y a de tout au Parlement) et l'anus gonflable géant (on peut le visiter en se promenant dedans) trônant dans le hall principal, dans le cadre d'une campagne de sensibilisation contre le cancer du côlon (si je me souviens bien, donc il n'y sera probablement plus la prochaine fois que vous y passerez), elle a répondu à nombre de questions sur le métier d'interprète et le travail au Parlement en particulier.

Nous avons également fait de la cabine muette, aussi bien à la Commission qu'au Parlement, au cours de plusieurs réunions qui portaient sur des sujets aussi divers que la flexécurité, la rage en Europe, une histoire de pollution des lacs qui nous est complètement passée par dessus la tête, l'étude de faisabilité d'un système d'envoi électronique de données entre caisses de sécu à travers l'Europe, entre autres.

Il a également été très intéressant d'écouter le travail des autres interprètes, qui, eux, n'étaient pas là pour s'amuser. Certains assuraient une interprétation remarquable. D'autres étaient beaucoup moins impressionnants, soit par leur léthargie communicative ("ils auraient bien besoin du voice coaching de Westminster", comme ont dit certains élèves), soit par des erreurs flagrantes qui ne nous ont même pas échappées à nous, débutants. Mais comme l'a rappelé Alison, la différence entre eux et nous, c'est qu'ils ont passé et réussi leur examen d'accréditation, et nous, non !

Le dernier jour, nous avons rencontré les chefs de cabine de nos langues A respectives. La chef française, Anne-Marie Widlund-Fantini, est elle aussi très sympa. Une fois les présentations faites, elle nous a parlé des débouchés possibles après s'être enquise de nos combinaisons linguistiques, déterminantes pour notre employabilité. Verdict : Benedict, qui a un allemand C, a de fortes chances de les intéresser, surtout s'il rajoute une langue telle que l'espagnol. En effet la Commission comme le Parlement recherchent en priorité des anglais A et des allemand C, qu'ils peinent à trouver. Je n'ai pas cette chance, car ma combinaison est aussi banale que pauvre ; donc à moins de rajouter l'allemand (ce que je n'ai aucune intention de faire), il faudra que je cherche du travail ailleurs.
Globalement Mme Widlund-Fantini s'est montrée assez encourageante, et elle nous a invités à la contacter dès qu'on serait diplômés, pour nous aider dans notre orientation future.

Ceux qui sont sortis les plus découragés de cettre rencontre avec les chefs de cabine étaient les Italiens, qui n'ont apparemment aucune chance de jamais travailler au Parlement ou à la Commission, quelles que soient les langues qu'ils ajouent à leur combinaison ("les besoins pour l'italien sont déjà couverts", leur aurait-on dit sans détour).

Ceci étant, nous avons croisé au Parlement deux interprètes fraîchement diplômés de Westminster, dont un, Darren Neville, y a même le statut de permanent.

Voilà tout ce dont je me souviens de Bruxelles, qui pour conclure nous a donné un bon aperçu du travail dans les institutions, même si ce travail ne sera accessible qu'à un petit nombre.

vendredi 29 février 2008

Weeks 5 and 6 : pratique...

Un interprète irlandais de la Commission (je crois) est venu animer certains de nos cours, durant la semaine 5. Je ne me souviens plus de son nom, que je n'ai malheureusement pas noté. J'ai remarqué chez lui l'importance qu'il attache à la forme (capacité à intéresser, ton, gestes, etc.) en plus de l'exactitude du fond. Il a fait beaucoup de commentaires sur le sujet (surtout dans mon cas, qui suis particulièrement peu engageant en consécutive), alors que les autres profs estiment que c'est un coup à prendre avec l'expérience, et qu'il est difficile d'adopter l'attitude correcte dans une salle de classe. D'après Christine, une fois immergés dans l'atmosphère des véritables conférences, il nous sera beaucoup plus facile d'adopter la "pose" et le "ton" qui conviennent.

Le mercredi, comme prévu, nous avons de nouveau eu un cours spécial de méthodologie. Nous avons appris à travailler avec des documents en cabine. Pour ce faire, Christine a rapporté des documents authentiques d'une de ses conférences, qu'elle a ensuite cités et consultés au cours de discours que nous interprétions en simultanée. Il fallait donc que l'on cherche les documents et les passages concernés afin d'en assurer l'interprétation.

Jeudi, Mme Shimeem Ayash, une interprète iraquienne, était censée venir nous faire cours et nous parler de son travail d'interprète au Moyen Orient et au cours de la guerre en Iraq. Malheureusement elle a été retenue par un empêchement de dernière minute et n'est jamais venue.

Aucun cours n'a été assuré pendant la semaine 6, qui était entièrement consacrée à la pratique en groupe. Nous avons surtout pratiqué la simultanée, de manière autonome. Un certain nombre d'élèves (et pratiquement tous les Espagnols !) en ont profité pour partir en vacances, mais je pense que c'était une très mauvaise idée, vu le rythme intensif du programme.

La semaine prochaine, nous partons pour Bruxelles...

vendredi 15 février 2008

Weeks 3 and 4 : tout se corse !

Il ne s'est rien passé de spécial ces deux dernières semaines. J'ai simplement noté que les consécutives, elles aussi, deviennent de plus en plus difficiles : plus rapides, plus denses, plus longues. En revanche, je trouve que la "main de fer" annoncée au début du semestre est toujours bien cachée dans le gant de velours, et les profs restent aussi indulgents que par le passé.

La simultanée du français vers l'anglais est devenue un véritable cauchemar. Non seulement pour moi, misérable anglais B, mais aussi pour tous les anglais A, qui ont un mal fou à se dépêtrer des saltos, triples boucles piquées et autres galipettes rhétoriques des orateurs "hexagonaux", comme diraient Christine et Michèle. Paradoxalement peut-être, j'ai un avantage sur les anglais A sur ce point, puisque j'ai beaucoup plus de facilité qu'eux à extraire le message de ces amphigouris (quand il y en a un). Conseil de Zoé aux Anglais : "ils sont comme ça, les Français. Ils aiment vous faire peur avec leurs grands mots ; mais ne vous laissez pas intimider !" Côté reformulation, bien évidemment, les natifs reprennent le dessus et au final je me sens bien nul.

Une nouveauté : apparemment, chaque mercredi après-midi, nous aurons dorénavant un atelier portant sur un thème spécifique.
Ainsi, en semaine 3, nous avons eu un atelier sur le jargon des conférences (auquel je n'ai malheureusement pas assisté). Semaine 4 : la mémoire et les processus cognitifs mis en jeu en simultanée. C'était extrêmement intéressant. Un psychologue qui n'a jamais fait d'interprétation de sa vie est venu émettre des hypothèses concernant les mécanismes de la simultanée et les possibles trucs permettant d'optimiser ces mécanismes. Il était intéressant de noter que la plupart de ses hypothèses correspondaient aux pratiques des interprètes en activité (ne couvrir qu'une oreille, travailler sa mémoire à court terme, observer l'orateur tout en interprétant, etc.)
Prévu pour la semaine prochaine : un atelier sur l'interprétation avec documents (textes, glossaires, etc.) dont je vous donnerai des nouvelles.

samedi 2 février 2008

Week 2 : Des sims qui se corsent

Cette semaine, un plus grand nombre d'étudiants extérieurs ont assisté à nos cours. Ils se sont faits très discrets ; il y avait deux Hongroises, deux Allemandes, une Finnoise et quelques autres participants anonymes.

Les deux Allemandes étaient particulièrement bienvenues, puisque plusieurs élèves de la classe ont un allemand C qu'ils avaient jusqu'alors du mal à pratiquer, faute d'Allemands dans la classe.

Ces étudiants restent tous à Westminster pour deux semaines, il devrait en défiler de plusieurs écoles du groupe EMCI, jusqu'aux examens de mai.

Impressions finales d'une Hongroise en deuxième année à l'ESIT, et qui repartait ce week-end : "C'est beaucoup plus relax ici qu'à l'ESIT!"

Cette semaine, on a abordé la technique du relai et nous l'avons mise en pratique. Les Chinois y étaient déjà habitués, puisqu'ils n'ont que l'anglais en plus de leur langue A ; mais pour les autres c'était une nouveauté, pas si sorcière du reste.
Nous avons tous été en cabine alors qu'un discours en chinois était donné. Au lieu d'écouter la salle, nous nous sommes branchés sur la cabine chinoise (qui assurait le retour vers l'anglais) pour interpréter leur version anglaise vers nos langues respectives. Voilà donc un exemple de relai (=interpréter un interprète au lieu d'interpréter directement l'orateur).

La seule chose que personne n'a vraiment comprise, c'est l'histoire de chaînes à ne pas piquer à d'autres cabines, car c'est un scénario qui ne peut pas être reproduit sur le matériel de Westminster, mais qui arrive parfois dans les grandes conférences, paraît-il...

En sim, nous avons commencé à travailler à partir de discours authentiques (jusque là c'étaient les profs qui nous les concoctaient). Certains de ces discours (tels qu'un discours relatif à la Croix Rouge) nous ont paru faciles, mais d'autres (allocution d'un délégué français au Parlement Européen) nous ont achevés par leur abstraction typiquement française. Dur dur de filtrer ces amphigouris pour en dénicher le message ; parfois on dirait même qu'il n'y en a pas !

De l'espagnol vers le français, c'est un discours très fleuri du sous-commandant Marcos qui nous a été servi. C'était amusant à entendre, mais beaucoup moins à interpréter...

Tous ces discours, bien que très différents, nous ont bien fait comprendre la nécessité de s'éloigner des mots, voire même des phrases entières, pour se concentrer sur le message à faire passer. Nous avons tous encore beaucoup de travail à faire pour apprendre à se poser, écouter et attendre d'avoir une idée vraiment utile à formuler ("sit back!" nous assènent les profs) au lieu de se jeter dans l'interprétation mécanique de la première phrase entendue.

Au fait, dorénavant, les cabines sont ouvertes aux étudiants qui souhaient interpréter les discours donnés en Gen Con. A partir de maintenant on aura donc en réalité des "Gen Con/Sim".

samedi 26 janvier 2008

Semester 2, Week 1 : La rentrée

Bonne année à tous !

Après trois semaines de vacances, que beaucoup d'entre nous avons trouvées un peu trop longues, nous sommes très heureux d'avoir repris les cours.
Au terme des examens de rattrapage qui avaient lieu la semaine précédente, on a su que 6 élèves partaient définitivement : 3 chinois A, un anglais A, un espagnol A et un italien A.
Les autres ont été repêchés, avec parfois un remaniement de leur combinaison : une langue C abandonnée et remplacée par une combinaison bilingue AB pour certains ; pour d'autres une langue active dégradée en C, pour donner une combinaison ACC.

La semaine a commencé avec un débat sur le pétrole, en simultanée, sur le modèle de celui que nous avions eu avant les vacances. Les débuts ont été assez laborieux, dur dur de se remettre dans le bain après s'être entièrement déconnecté des affaires de ce monde. Il a fallu expliquer à une élève participant au débat que si elle n'entendait pas l'interprétation de la cabine anglaise, ce n'était pas en raison d'un problème technique, mais tout simplement parce que l'orateur s'exprimait dans cette même langue...

Mis à part ces cafouillages assez comiques, le reste de la semaine s'est poursuivi sans réelle nouveauté. Les principaux changements concernent la composition des groupes, dont les effectifs ont le plus souvent diminué, à notre grande satisfaction.

Nous commençons en outre à accueillir des étudiants d'autres universités, comme prévu ; un groupe de Hongrois (dont une élève en deuxième année à l'ESIT) arpente actuellement nos couloirs, bien que nous ne les ayons pas encore vraiment rencontrés.

Enfin cette semaine était la dernière pour prendre une décision définitive concernant nos propres choix de destination dans le cadre de l'EMCI. La destination la plus populaire semble être Genève. Personnellement je compte aller à La Laguna avec deux autres élèves, en avril.

La Gen Con du vendredi portait sur la Croix Rouge et le Croissant Rouge.