samedi 1 décembre 2007

Week 10 : Combinaisons un peu légères...

Suicide.
Un mot sur beaucoup de lèvres sarcastiques et amères, en cette semaine qui précède le mois fatidique. Mais les examens n'ont plus aucune importance, puisque certains d'entre nous seraient morts-nés...

6 élèves de notre classe ont une combinaison ACC. Cette combinaison n'est pas acceptée à Bruxelles sauf si elle contient une paire de langues recherchée. Elle est encore moins viable sur le marché privé, qui requiert le plus souvent deux langues actives.
Beaucoup de ces élèves ont été très étonnés de l'apprendre et surtout déçus que personne ne les ait prévenus plus tôt. Pour vivre de leur métier, s'ils obtiennent leur diplôme, il leur faudra soit rajouter une troisième langue passive et s'installer à Bruxelles (ce qui n'est pas du goût de tous), soit activer une de leur langues passives. Ces options n'étant toutes deux possibles que sur du long terme, leur début de carrière semble sévèrement compromis...

Voilà donc le climat qui a régné sur une semaine somme toute assez tranquille. Phil Smith est revenu nous rendre visite pour constater les progrès effectués. Il n'avait pas l'air particulièrement impressionné ; en tout cas il a relevé la barre en exigeant que les moindres détails de l'original apparaissent dans nos consécutives. Au stade d'apprentissage que nous avons atteint, c'est un niveau de qualité qu'il est en droit d'attendre.

Nos cours ont été aussi animés par Cecilia Giussani (qui a maintenant un double A anglais-italien). Elle nous a beaucoup parlé des langues actives et des défis que représente ce fameux "retour", avec un franc-parler tout en contraste avec les ambages typiquement anglaises dont on avait été jusque-là cajolés. Comme d'habitude, en vrac :

-Une véritable langue B est une langue dans laquelle on s'exprime sans difficulté aucune, avec une aisance et un naturel comparables à ceux dont on fait montre dans sa langue maternelle. Si nos langues B n'ont pas ces qualités, il vaut mieux abandonner l'idée et travailler une autre langue que l'on connaît déjà pour en faire une langue C le plus vite possible... Dommage pour ceux qui n'ont aucune autre langue en stock...
-Les interprètes comprennent sans doute la différence entre une langue B et une langue A, mais pas leurs clients. Dans la "vraie vie", si on a une langue B, celle-ci sera jugée sur les mêmes critères qu'une langue A.
-Il faut impérativement s'habituer à bien comprendre les accents étrangers, surtout en anglais. 98% des orateurs s'exprimant en langue anglaise ne sont pas des locuteurs natifs, et beaucoup ont un accent à couper au couteau.
-Dans beaucoup de réunions bilingues, une grande partie voire même la majorité de l'auditoire comprend les deux langues de travail, si bien que l'interprète est constamment surveillé par les membres de l'auditoire qui n'ont pas sommeil ("Je me demande comment il/elle va s'en tirer pour traduire ce passage, il/elle va sûrement se planter").
-Les interprètes chinois se trouvent dans une situation de rêve, car il est très peu probable que les non-chinois présents à la réunion comprennent l'original. Cela leur laisse ainsi une très grande marge de manoeuvre qu'ils peuvent exploiter à leur guise, surtout en consécutive.

Deux diplômées de la promotion 2005 se sont également jointes à nous, en préparation aux tests de la Commission Européenne. Je ne me souviens plus des chiffres exacts, mais je crois bien qu'en 2005, la moitié des élèves ont obtenu le diplôme final.

En voice coaching, la prof a essayé de nous préparer au stress des exams. Elle nous a enseigné une technique de visualisation consistant à se créer un "paradis mental" dans lequel on peut se réfugier dès qu'on se sent stressé. Nous avons également "prévécu" les moments précédant les épreuves, en visualisant notre attente dans la salle attenante à la salle d'examens, puis en voyant Zoë arriver pour nous emmener dans l'autre salle, dans laquelle se trouvent plusieurs interprètes, certains souriants, d'autres plus intimidants, qui nous invitent à nous asseoir avant d'entamer un discours difficile que nous gérons pourtant sans aucune peine, et que nous restituons avec confiance et aplomb devant ce jury sévère mais désarmé par la qualité de notre consécutive...

On verra si ça se passe vraiment comme ça le jour J !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonjour Aymeric,

Un grand merci pour ton blog !

Je voudrais faire le même diplôme que toi d'ici un an ou deux et je suis ton blog depuis quelques mois. J'apprécie que tu racontes les aspects positifs de cette formation mais aussi les points négatifs (cette histoire de « combinaisons légères » est édifiante !). C'est très intéressant de connaître l'envers du décor, et si rare...

Lors de ma formation en DESS de traduction, j'ai été assez frustrée de ne connaître des informations essentielles qu'après mon inscription (même si je ne regrette aucunement mon choix). J'ai souvent été sidérée par le secret qui règne autour de la profession de traducteur ou d'interprète, même de la part des enseignants. J'aurais appréciée de savoir à l'avance à quelle sauce j'allais être mangée dans le monde professionnel ! C'est pour cette raison que j'apprécie d'autant plus ton blog.

Merci de nous faire partager ton expérience et bon courage pour les examens !

Charlotte